

LE CORPS PARLANT
Xe Congrès de l’ AMP,
Rio de Janeiro 2016
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dimension du sexuel qu’à porter l’interdit sur le corps dont sort le corps propre,
à savoir le corps de la mère. »
p. 108
Le Séminaire
, Livre XIX,
…ou pire
(1971 – 1972). Paris, Seuil, 2011
Jouir, c’est jouir d’un corps
« C’est le mérite qu’on peut donner au texte de Sade que d’avoir appelé les
choses par leur nom. Jouir, c’est jouir d’un corps. Jouir, c’est l’embrasser, c’est
l’étreindre, c’est le mettre en morceaux. En droit, avoir la jouissance de quelque
chose, c’est justement ça, c’est pouvoir traiter quelque chose comme un corps,
c’est-à-dire le démolir (…). C’est le mode de jouissance le plus régulier, et c’est
pourquoi ces énoncés ont toujours une résonance sadienne. »
p. 32
Le point d’émergence de l’être parlant, c’est le rapport dérangé à son propre
corps qui s’appelle jouissance
« Le point vif, le point d’émergence de (…) l’être parlant (…) c’est ce rapport
dérangé à son propre corps qui s’appelle jouissance. Le discours analytique
nous démontre que cela a pour centre (…) un rapport privilégié à la jouissance
sexuelle. Si la valeur du partenaire autre, celle que j’ai désignée respectivement
par
l’homme
et par
la femme
, est inapprochable au langage, c’est très précisément
en ceci que le langage fonctionne d’origine en suppléance de la jouissance
sexuelle. Il ordonne par là l’intrusion de la jouissance dans la répétition
corporelle. »
p. 43-44
Du fait d’un signifiant qui a marqué un point du corps
« C’est seulement au fait de parler que puisse s’apercevoir que ce qui parle, quoi
que ce soit, est ce qui jouit de soi comme corps, ce qui jouit d’un corps qu’il
vit comme ce que j’ai déjà énoncé du
tu-able
, c’est-à-dire comme tutoyable,
d’un corps qu’il
tutoie
et d’un corps à qui il dit tue-toie dans la même ligne. La
psychanalyse, qu’est-ce ? C’est le repérage de ce qui se comprend d’obscurci, de
ce qui s’obscurcit en compréhension, du fait d’un signifiant qui a marqué un
point du corps. »
p. 150
Le désir de dormir : suspension du rapport du corps à la jouissance
« En quoi ça consiste, de dormir ? Ça consiste en ceci, qu’il s’agit de suspendre
ce qui est là dans ma tétrade, le semblant, la vérité, la jouissance, et le plus-de-
jouir. (…) ce qu’il s’agit de suspendre, c’est cet ambigu qu’il y a dans le rapport
au corps avec lui-même, c’est le jouir. S’il y a possibilité que ce corps accède
au jouir de soi, c’est bien évidemment partout, c’est quand il se cogne, qu’il se
fait mal. C’est ça, la jouissance. (…) En tout cas, quand il dort c’est fini. (…)
Dormir, c’est ne pas être dérangé. (…) Seulement voilà, ce que Freud dit, c’est
que le signifiant, lui, continue à cavaler pendant ce temps-là. »
p. 216
L’objet a : pollution dont l’homme prend sa substance
« C’est à la place du semblant que le discours analytique se caractérise de situer
l’objet a. (…) La pollution la plus caractéristique dans ce monde, c’est très
exactement l’objet a dont l’homme prend sa substance (…). Devoir, de cette
pollution qui est l’effet le plus certain de l’homme sur la surface de la Terre, en
faire représentation en son corps, en son existence d’analyste, qu’on y regarde à
plus d’une fois. »
p. 218
Le propre de la jouissance : quand il y a deux corps, on ne peut pas dire
lequel jouit
« C’est tout de même du discours que Freud a fait surgir ceci, que ce qui se
produisait au niveau du support avait affaire avec ce qui s’articulait du discours.
Le support, c’est le corps. Encore faut-il faire attention quand on dit que c’est
le corps. Ce n’est pas forcément
un
corps. A partir du moment où on part de la
jouissance, ça veut dire que le corps n’est pas tout seul, qu’il y en a un autre. (…)
C’est la jouissance de corps à corps. Le propre de la jouissance, c’est que, quand
il y a deux corps (…) on ne peut pas dire lequel jouit. »
p. 225
Le corps comme
ground
« Il y a ce que je viens d’énoncer, la jouissance, la vérité, le semblant, et le plus-
de-jouir. C’est là-dessus que ça tourne. Et il y a ce support, ce qui arrive au
niveau du corps – d’où surgit tout sens – mais inconstitué, comme faisant là le
fond, le
ground
(…). Le
ground
donc est là. Il s’agit en effet du corps, avec ses
sens radicaux sur lesquels il n’y a aucune prise. »
p. 227
Entretien préliminaire et confrontation des corps
« Au niveau du discours du maître, on peut parfaitement dire ce qu’il y a entre,
d’une part, les fonctions du champ du discours, telles qu’elles s’articulent de ce
S1, S2, le S barré et le petit a, et, d’autre part, ce corps qui vous représente ici,
et à qui, en tant qu’analyste, je m’adresse. Quand quelqu’un vient me voir dans
mon cabinet pour la première fois, et que je scande notre entrée dans l’affaire de
quelques entretiens préliminaires, ce qui est important, c’est la confrontation de
corps. »
p. 228
Jacques Lacan