

LE CORPS PARLANT
Xe Congrès de l’ AMP,
Rio de Janeiro 2016
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de lui-même. (…) Ce dont il s’agit, c’est d’une jouissance et d’une jouissance qui
se trouve d’après notre expérience être d’un ordre autre que ce qu’il en est de la
jouissance phallique. »
Leçon du 21 mai 1974
« La jouissance phallique quelle qu’elle soit n’a
pas la même prévalence, n’a pas le même poids en quelque sorte d’opposition
au regard de la jouissance en tant que deux corps jouissent l’un de l’autre. C’est
là qu’est la faille par où s’abîme, si l’on peut dire, dans l’expérience analytique
tout ce qui s’ordonne de l’amour. Si on parle de nœud, c’est faire allusion à
l’embrassement, à l’étreinte, mais autre chose est la façon dont fait irruption
dans la vie de chacun, cette jouissance qui soit appartient à l’un de ces corps,
mais à l’autre n’apparaît que sous cette forme de référence à un autre comme tel,
même si quelque chose dans le corps peut lui donner un mince support, je veux
dire au niveau de cet organe qui s’appelle le clitoris. »
Body et corpse
Leçon du 11 juin 1974
« Il est difficile de ne pas faire de la vie la
caractéristique du corps parce que c’est à peu près tout ce que nous pouvons en
dire, en tant que corps, il est là et il a bien l’air de se défendre, de se défendre
contre quoi ? contre ce quelque chose auquel il est difficile de ne pas l’identifier,
c’est-à-dire ce qu’il en reste, de ce corps, quand il n’a plus la vie. »
La jouissance phallique se surajoute au corps
Leçon du 11 juin 1974
« Le sème, c’est ce qui fait sens. Tout ce qui
fait sens dans lalangue s’avère lié à l’ex-sistence de cette langue, à savoir que c’est
en-dehors de l’affaire de la vie du corps, et que s’il y a quelque chose que j’ai
essayé de développer cette année devant vous, c’est que c’est pour autant que
cette jouissance phallique, que cette jouissance sémiotique se surajoute au corps
qu’il y a un problème. »
Lalangue, un brin de jouissance qui étend ses racines dans le corps
Leçon du 11 juin 1974
« Lalangue a le même parasitisme que la
jouissance phallique, par rapport à toutes les autres jouissances. Et c’est elle qui
détermine comme parasitaire dans le réel ce qu’il en est du savoir inconscient.
Il faut concevoir lalangue. Et pourquoi pas parler de ce que lalangue serait en
rapport avec la jouissance phallique comme les branches à l’arbre. (…) Disons
que lalangue, n’importe quel élément de lalangue, c’est au regard de la jouissance
phallique, un brin de jouissance. Et c’est en ça que ça étend ses racines si loin
dans le corps. »
Le Séminaire
, Livre XXII,
RSI
(1974 - 1975). Inédit
La débilité mentale est enracinée dans le corps vivant
Leçon du 10 décembre 1974
« Je dirais que si l’être parlant se
démontre voué à la débilité mentale, c’est le fait de l’imaginaire. Cette notion
n’a d’autre départ que la référence au corps. (…) Pour tout dire, ça ne va pas de
soi qu’un corps soit vivant. Ce qui atteste le mieux qu’il le soit, c’est précisément
ce
mens
que j’ai introduit par la débilité mentale. (…) Sans le langage, pas le
moindre soupçon ne pourrait nous venir de cette imbécilité, qui est aussi ce par
quoi le corps nous témoigne d’être vivant. »
Leçon du 10 décembre 1974
« (…) la débilité que j’ai qualifiée de
mentale, pour autant qu’elle est enracinée du corps lui-même. »
L’inhibition, une affaire de corps
Leçon du 10 décembre 1974
« Je dirai que l’inhibition, comme
Freud lui-même l’articule, est toujours affaire de corps, soit de fonction.
L’inhibition, c’est ce qui quelque part s’arrête de s’immiscer dans une figure qui
est figure de trou, trou du symbolique. »
La jouissance de l’Autre du corps fait trou
Leçon du 17 décembre 1974
« Moi je ne peux que témoigner
que j’erre, j’erre dans ces intervalles que j’essaie de vous situer, du sens, de la
jouissance phallique, voire du tiers terme (…) qui nous donne la clé du trou
tel que je le désigne. C’est la jouissance en tant qu’elle n’intéresserait, non pas
l’Autre du signifiant, mais l’Autre du corps, l’Autre de l’Autre sexe. »
L’angoisse comme ce qui borde la jouissance de l’Autre corps
Leçon du 17 décembre 1974
« Pourquoi Freud a qualifié de l’Un
l’Eros, en se livrant au mythe du corps, du corps uni, du corps à deux dos,
du corps tout rond, en osant se référer à cette énormité platonicienne ? Est-ce
que ce n’est pas le fait que d’un autre corps quel qu’il soit, nous avons beau
l’éteindre, ce n’est rien de plus que le signe du plus extrême embarras ? (…) Mis
à part de le mettre en morceaux, on ne voit pas vraiment ce qu’on peut faire
d’un autre corps, j’entends d’un autre corps dit humain. S’y justifie que, si nous
cherchons de quoi peut être bordée cette jouissance de l’autre corps, en tant que
celle-là sûrement fait trou, ce que nous trouvons, c’est l’angoisse. »
L’angoisse et l’association à un corps d’une jouissance phallique
Leçon du 17 décembre 1974
« L’angoisse, c’est ce qui de
l’intérieur du corps ex-siste, ex-siste quand il y a quelque chose qui l’éveille,
Jacques Lacan