

LE CORPS PARLANT
Xe Congrès de l’ AMP,
Rio de Janeiro 2016
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L’image du corps propre c’est-à-dire l’imaginaire pur et simple, à savoir la
mère
« D’une façon générale, le sujet peut dans une certaine phase faire en effet un
mouvement d’approche de l’identification de son moi avec le phallus. C’est
pour autant qu’il est porté dans l’autre direction qu’il constitue et structure un
certain rapport, marqué par les points-termes qui sont là sur l’axe de la réalité,
en
i-M
, avec l’image du corps propre, c’est-à-dire l’imaginaire pur et simple, à
savoir la mère. »
p. 227
L’invasion de l’image du corps dans le monde des objets dans les délires
schreberiens
« L’invasion de l’image du corps dans le monde des objets est manifeste dans
les délires de type schreberien, tandis qu’inversement tous les phénomènes
de signifiant sont rassemblés autour du moi, au point que le sujet n’est plus
supporté en tant que moi que par une trame continue d’hallucinations verbales
qui constitue un repli vers une position initiale de la genèse de son monde ou
de la réalité. »
p. 228
« L’accès du sujet au caractère radicalement à double sens du signifiant, est
facilité par ceci (…) à savoir le rapport de l’image du corps propre avec le moi
du sujet. »
p. 247
Mélanie Klein : sur le corps maternel
« À le négliger tout en l’approchant, à pénétrer aussi près que possible de ce qui
se passe chez l’enfant, Mélanie Klein a découvert beaucoup de choses. Mais à le
formuler simplement dans la confrontation de l’enfant au personnage maternel,
elle aboutit à une relation spéculaire, en miroir. De ce fait, le corps - et il est
déjà très frappant que le corps soit au premier plan - le corps maternel devient
l’enceinte et l’habitacle de tout ce qui peut s’y localiser, par projection, des
pulsions de l’enfant, ces pulsions étant elles-mêmes motivées par l’agression due
à une déception fondamentale. »
p. 271-272
Moi idéal et Idéal du moi
« (…) ce qui est menacé quand nous faisons allusion aux craintes d’atteintes
narcissiques au corps propre, ce qui est atteint quand nous parlons de la
nécessité de réassurance narcissique, nous pouvons le mettre au registre du moi
idéal. L’Idéal du moi, quant à lui, intervient dans des fonctions qui sont souvent
dépressives, voire agressives à l’égard du sujet. »
p. 288-289
Incidence du fait que la mère est un être parlant sur la constitution du sujet
« Le phallus est ce signifiant particulier qui, dans le corps des signifiants, est
spécialisé à désigner l’ensemble des effets du signifiant, comme tels, sur le
signifié. (…) Il occupe ici une place privilégiée dans ce qui va se produire de
signifiant dans l’au-delà du désir, c’est à savoir tout le champ qui se situe au-delà
du champ de la demande. (…) Dans l’en-deçà, qui est le champ de la demande,
le pur et simple Autre fait toute la loi de la constitution du sujet, ne serait-ce que
pris simplement au niveau de l’existence de son corps, par le fait que la mère est
un être parlant. »
p. 393
La perversion fétichiste du sujet masculin
« La perversion fétichiste du sujet masculin consiste à affirmer que la femme l’a
sur le fond de ce qu’elle ne l’a pas. Sans cela il n’y aurait pas besoin d’un objet
pour le représenter - un objet qui, par-dessus le marché, est manifestement
indépendant du corps de la femme. »
p. 453
Sur l’auto-érotisme masturbatoire
« On n’insistera jamais assez sur l’énigme que comporte le complexe de
castration ou le
Penisneid
, pour autant qu’est ici concerné quelque chose qui tout
de même tient bel et bien au corps, et qu’après tout rien ne menace plus que
n’est menacé n’importe quel membre, ou bras, ou jambe, voir nez ou oreilles.
Cet élément n’est sur le corps propre qu’un point de volupté, et c’est ainsi que le
sujet le découvre d’abord. L’auto-érotisme masturbatoire, qui joue en effet dans
l’histoire du sujet un si grand rôle, n’est pas du tout de nature à déclencher en
lui-même de telles catastrophes, comme nous le savons par l’expérience, tant que
l’organe n’est pas pris dans le jeu signifiant, dans la métaphore paternelle, dans
l’interdiction maternelle ou paternelle. Cet organe n’est rien d’autre à l’origine
pour le sujet qu’un point de volupté de son propre corps, de son rapport
organique à lui-même. »
p. 482-483
« Fonction et champ de la parole et du langage » (1953),
Écrits
.
Paris, Seuil, 1966
Langage, corps subtil
« La parole en effet est un don de langage, et le langage n’est pas immatériel.
Il est corps subtil, mais il est corps. Les mots sont pris dans toutes les images
corporelles qui captivent le sujet ; ils peuvent engrosser l’hystérique, s’identifier
à l’objet du
penis-neid
, représenter le flot d’urine de l’ambition urétrale, ou
l’excrément retenu de la jouissance avaricieuse. »
p. 301
Jacques Lacan