

LE CORPS PARLANT
Xe Congrès de l’ AMP,
Rio de Janeiro 2016
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déjà pu observer un exemple chez Hans. Le père se prête enfin également au
symbolisme du
loumf
et reconnait qu’il y a une analogie entre la façon dont une
voiture sort d’une porte et celle dont les fèces sortent du corps. »
p. 183
« Hans crée un fantasme nouveau : le serrurier ou le plombier a dévissé la
baignoire dans laquelle Hans se trouve et lui a alors donné un coup dans le
ventre avec son grand perçoir. (…) Nous ne pourrons comprendre que plus tard
que c’était là un fantasme de procréation, déformé par l’angoisse. La grande
baignoire, où il est assis dans l’eau, est le corps maternel.
»
p. 184
« [Hans] fait entrer par un trou rond dans le corps d’une poupée de caoutchouc
un petit canif appartenant à sa mère et le fait ressortir en déchirant l’entrejambe
de la poupée. Les éclaircissement donnés peu après à Hans par ses parents, en
lui enseignant que les enfants croissent, de fait, dans le corps de leur mère et
sont poussés au dehors comme un
loumf viennent trop tard : ils ne peuvent
apprendre à Hans rien de nouveau
.
»
p. 186
« [Hans] avait remarqué que sa mère avait grossi pendant les mois ayant précédé
la naissance de la petite fille, qu’elle s’était alitée, avait gémi pendant que la
naissance avait lieu et était redevenue mince quand elle s’était relevée. Il en
conclut par conséquent qu’Anna avait été dans le corps maternel et en était
sortie comme un
loumf
. »
p. 187
Le président Schreber
Schreber veut livrer son corps vivant à la science et aux observations des
savants
« Je ne me suis pas dissimulé les scrupules qui semblent s’opposer à une
publication ; il s’agit en effet des égards dus à certaines personnes encore
vivantes. D’un autre côté, je suis d’avis qu’il pourrait être important pour la
science, et pour la reconnaissance des vérités religieuses que, de mon vivant
encore, soient rendues possibles des observations sur mon corps et sur tout
ce qui m’est arrivé, et que ces observations soient faites par des hommes
compétents . »
p. 264
La destruction de certains organes du corps de Schreber
« Depuis des années, à toute heure, à toute minute, il ressentirait ces miracles
dans son propre corps ; ils lui seraient confirmés par des voix qui parleraient
avec lui. Dans les premières années de sa maladie, certains organes de son corps
auraient été détruits au point que de telles destructions auraient infailliblement
tué tout autre homme. »
p. 269
Le corps, changé en corps de femme, laissé en plan
« Je cite ici in extenso les passages significatifs des «Mémoires» : «Ainsi s’ourdit
un complot contre moi (à peu près en mars ou avril 1894), complot ayant pour
but, ma maladie nerveuse étant reconnue ou considérée comme incurable,
de me livrer à un homme de telle sorte que mon âme lui soit abandonnée,
cependant que mon corps, — grâce à une conception erronée de la tendance
précitée, tendance qui est à la base de l’ordre de l’univers, — que mon corps,
dis-je, changé en un corps de femme, soit alors livré à un homme en vue d’abus
sexuels et soit ensuite laissé en plan, c’est-à-dire, sans aucun doute, abandonné à
la putréfaction». »
p. 270-271
L’individu prend d’abord son propre corps pour objet d’amour
« (…) l’individu en voie de développement rassemble en une unité ses instincts
sexuels, qui jusque-là agissaient sur le mode autoérotique, afin de conquérir un
objet d’amour, et il se prend d’abord lui-même, il prend son propre corps, pour
objet d’amour avant de passer au choix objectal d’une personne étrangère. »
p. 306
L’homme aux loups
Prototype de la castration : renonciation à une partie de son propre corps
« Les fèces constituent le premier cadeau, le premier sacrifice que consent
l’enfant à ce qu’il aime, une partie de son propre corps dont il veut bien se
priver, mais seulement en faveur d’une personne aimée. »
p. 386
« L’abandon des fèces en faveur (par amour) d’une autre personne devient de son
côté un prototype de la castration ; c’est la première fois que l’enfant renonce à
une partie de son propre corps. »
p. 389
« Les fèces, l’enfant, le pénis, constituent ainsi une unité, un concept inconscient
— sit venia verbo — le concept d’une petite chose pouvant être détachée du
corps. »
p. 389
« Trois essais sur la théorie sexuelle » (1905 [1905d]), Œuvres
complètes - vol. VI. Paris, PUF, 2006
« Lust » : besoin et satisfaction réunis
« (…) « Lust » est malheureusement plurivoque et désigne aussi bien la sensation
du besoin que celle de la satisfaction. »
p. 67
« La plus belle illustration de la théorie populaire de la pulsion sexuelle est celle
de la fable poétique de la séparation de l’être humain en deux moitiés – homme
et femme – qui aspirent à s’unir à nouveau dans l’amour. »
p. 68
Le retour à Freud