

LE CORPS PARLANT
Xe Congrès de l’ AMP,
Rio de Janeiro 2016
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Spinoza
Ethique
, (1677), Trad.: Charles Appuhn, Vrin, 1983
Le corps humain affecté
« Le corps humain peut être affecté en bien des manières qui accroissent ou
diminuent sa puissance d’agir. »
p. 245
Diderot
Le Rêve de d’Alembert
(1769). Editorial sociales, 1984
Souffrance et jouissance de la matière
« … pas un point dans la nature entière qui ne souffre ni ne jouisse. »
p. 269
D’Holbach
Système de la nature
, (1770). Trad.: I, Fayard, 1990
Le corps jouit de la vie
« Plus nous réfléchirons et plus nous demeurerons convaincus que l’âme, bien
loin de devoir être distinguée du corps, n’est que ce corps lui-même envisagé
relativement à quelques unes de ses fonctions, ou à quelques façons d’être et
d’agir dont il est susceptible en tant qu’il jouit de la vie. »
p. 130
Husserl
Husserl,
Méditations cartésiennes, Introduction à la phénoménologie
(1929), « Cinquième méditation », Trad.: G. Peiffer et E. Levinas,
Vrin, 2008
Sur la distinction du corps physique (Körper) et de la chair (Leib)
« Ce que dans
la sphère de ce qui m’appartient
(d’où l’on a éliminé tout ce qui
renvoie à une subjectivité étrangère) nous appelons Nature pure et simple,
ne possède plus ce caractère d’ « être objectif » et, par conséquent, ne doit
aucunement être confondu avec une couche abstraite du monde lui-même ou
de son « sens immanent ». Parmi les corps de cette « Nature », réduite à « ce
qui m’appartient », je trouve mon propre corps (
Leib
) se distinguant de tous
les autres par une particularité unique ; c’est, en effet, le seul corps qui n’est
pas simplement corps physique (
Körper
), mais précisément ma chair ; c’est le
seul corps à l’intérieur de la couche abstraite, découpée par moi dans le monde,
auquel, conformément à l’expérience, je coordonne, bien que selon des modes
différents, des champs de sensations (champs de sensations du toucher, de la
température, etc.) ; c’est le seul corps
dont
je dispose d’une façon
immédiate
ainsi
que de chacun de ses
organes
. Je perçois
avec
les mains (c’est par les mains que
j’ai – et que je puis toujours avoir – des perceptions cinesthésiques et tactiles),
avec
les yeux (c’est par les yeux que je vois), etc. ; et ces
phénomènes cinesthésiques
des organes forment un flux d’action et relèvent de mon « je peux. »
p. 158-159
« Par suite de cette élimination abstractive de tout ce qui est étranger à moi, il
m’est resté une sorte de monde, une nature réduite à « mon appartenance », - un
moi psycho-physique avec sa chair, son âme et son moi personnel, intégré à cette
nature grâce à mon corps. »
p. 161
Le corps de l’autre (le corps illic) et mon corps comme « point-zéro »,
comme hic absolu
« Le corps propre étranger, en tant qu’apparaissant dans ma sphère primordiale,
est tout d’abord un corps physique à l’intérieur de ma Nature (unité synthétique
qui m’est presque primordiale) ; et, par conséquent, en qualité d’élément
déterminant de mon être propre, il est inséparable de moi-même. Si ce corps
propre a une fonction apprésentative, j’ai conscience d’autrui en même temps
que de ce corps ; j’ai conscience d’autrui, tout d’abord, en liaison avec son
corps qui se révèle à lui en un «
hic
absolu
».
Mais comment se fait-il qu’en
général je puisse parler de l’identité d’un corps qui, dans ma sphère primordiale,
m’apparaît à moi dans le mode
d’illic
(là-bas) et qui lui apparaît à lui, dans
sa
sphère, dans le mode du
hic
? Ces deux sphères primordiales, la mienne
qui, pour moi, -
ego
– est la sphère originale, et la sienne qui, pour moi, est
apprésentée, ne sont-elles pas séparées par un abîme infranchissable pour moi ?
Car franchir cet abîme signifierait avoir d’autrui une expérience originale et non
pas apprésentative. Si nous nous en tenons à l’expérience de l’autre, telle qu’elle
s’effectue et se réalise en fait, nous constatons que le corps est
immédiatement
donné dans la perception sensible comme corps
(vivant)
d’autrui
, et non comme un
simple indice de la présence de l’autre ; ce fait n’est-il pas une énigme ?
Comment s’identifient le corps de ma sphère originale et le corps constitué
pourtant de manière absolument distincte dans un autre
ego
, corps physique qui
est bien le même corps propre de l’autre, comment cette identification peut-elle
simplement avoir lieu?
»
p. 196-197
« Les choses ne se passent donc pas comme si le corps, qui, dans ma sphère
primordiale, est là-bas (
illic
), demeurait séparé du corps propre d’autrui,
comme une espèce d’indice de son
analogon
(en mettant en jeu une motivation
évidemment inimaginable), comme si ma nature primordiale et la nature
apprésentée des autres, et par suite, mon
ego
concret et celui des autres, restaient
Excursus philosophique sur le corps