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LE CORPS PARLANT

Xe Congrès de l’ AMP,

Rio de Janeiro 2016

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séparés dans le champ de l’association et de l’apprésentation. Bien au contraire,

ce corps

illic

, appartenant à ma Nature primordiale, apprésente immédiatement,

en quelque sorte, l’autre moi ; et cela, grâce à l’accouplement associatif entre

ce corps, d’une part, et mon corps, avec le moi psycho-physique qui en est

maître, d’autre part. Il apprésente avant tout l’activité immédiate de ce moi dans

ce corps (

illic

), et son action (médiate), au moyen de ce corps, sur la

Nature

qu’il perçoit, sur la même nature à laquelle il (

illic

) appartient et qui est aussi

ma Nature primordiale. C’est la même Nature, mais donnée dans le mode du

« comme si j’étais, moi, à la place de cet autre organisme corporel ». Le corps est

le même ; il m’est donné à moi comme

illic,

à lui comme hic, comme « corps

central », et l’ensemble de ma Nature est le même que celui de l’autre. La

Nature est constituée dans

ma

sphère primordiale comme unité identique de

mes multiples modes de présentation, identique dans ses orientations variables

par rapport à

mon

corps, qui est le « point zéro », le

hic

absolu ; la Nature est

constituée comme identité des multiplicités encore plus riches qui, sous forme

de phénomènes variables des différents « sens », sous forme de « perspectives »

variées, appartiennent à chaque orientation particulière hic et illic, et

appartiennent à mon corps lié au hic absolu d’une manière toute spéciale. »

p. 199-200

Sartre

Sartre,

L’Être et le néant, essai d’ontologie phénoménologique

(1943).

Gallimard, 1974

Ce que je sais de mon corps vient de la façon dont les autres le voient

« Or le corps, quelle que puisse être sa fonction, apparaît d’abord comme

du

connu

. En outre le corps - notre corps - a pour caractère particulier d’être

essentiellement le connu par autrui : ce que je connais c’est le corps des autres

et l’essentiel de ce que je sais de mon corps vient de la façon dont les autres le

voient. Ainsi la nature de mon corps me renvoie à l’existence d’autrui et à mon

êtrepour-autrui. Je découvre avec lui, pour la réalité-humaine, un autre mode

d’existence aussi fondamental que l’être-pour-soi et que je nommerai l’être-pour-

autrui. »

p. 260

L’autre me saisit comme lié à un corps

« En ce sens, dans la mesure où l’autre me saisit comme lié à un corps et

immergé dans la vie, je ne suis moi-même qu’un autre. Pour me faire reconnaître

par l’autre, je dois risquer ma propre vie. Risquer sa vie, en effet, c’est se révéler

comme non lié à la forme objective ou à quelque existence déterminée ; comme

non lié à la vie. »

p. 282

Le corps symbolise ici notre objectivité sans défense

« La honte pure n’est pas sentiment d’être tel ou tel objet répréhensible mais,

en général, d’être un objet, c’est-à-dire de me reconnaître dans cet être dégradé,

dépendant et figé que je suis pour autrui. La honte est sentiment de chute

originelle, non du fait que j’aurais commis telle ou telle faute, mais simplement

du fait que je suis « tombé » dans le monde, au milieu des choses, et que j’ai

besoin de la médiation d’autrui pour être ce que je suis. La pudeur et, en

particulier, la crainte d’être surpris en état de nudité ne sont qu’une spécification

symbolique de la honte originelle : le corps symbolise ici notre objectivité sans

défense. Se vêtir, c’est dissimuler son objectivité, c’est réclamer le droit de voir

sans être vu, c’est-à-dire d’être pur sujet. C’est pourquoi le symbole biblique de

la chute, après le péché originel, c’est le fait qu’Adam et Eve connaissent qu’ils

sont nus. »

p. 336

Mon corps : beaucoup plus ma propriété que mon être

« Mais il importe avant tout de choisir l’ordre de nos connaissances : partir des

expériences que les médecins ont pu faire sur mon corps, c’est partir de mon

corps

au milieu du monde

et tel qu’il est pour autrui. Mon corps tel qu’il est

pour

moi

ne m’apparaît pas au milieu du monde. Sans doute j’ai pu voir moi-même

sur un écran, pendant une radioscopie, l’image de mes vertèbres, mais j’étais

précisément

dehors

, au milieu du monde ; je saisissais un objet entièrement

constitué, comme un

ceci

parmi d’autres

ceci

, et c’est seulement par un

raisonnement que je le ramenais à être

mien

: il était beaucoup plus ma

propriété

que mon

être.

p. 351

Le corps : forme contingente que prend la nécessité de ma contingence

« Cet ordre absolument nécessaire et absolument injustifiable des choses du

monde, cet ordre qui est moi-même en tant que mon surgissement le fait

nécessairement exister et qui m’échappe en tant que je ne suis ni le fondement

de mon être, ni le fondement d’un

tel

être, c’est le corps tel qu’il est sur le plan

du pour-soi. En ce sens, on pourrait définir le corps comme

la forme contingente

que prend la nécessité de ma contingence.

»

p. 356

Le corps : un engagement dans le monde

« Il découle nécessairement de la nature du pour-soi qu’il soit corps, c’est-à-dire

que son échappement néantisant à l’être se fasse sous forme d’un engagement

dans le monde. »

p. 357

Dire il y a un monde ou que j’ai un corps, c’est une seule et même chose

« Ainsi, dire que je suis entré dans le monde, « venu au monde », ou qu’il y

Excursus philosophique sur le corps