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LE CORPS PARLANT

Xe Congrès de l’ AMP,

Rio de Janeiro 2016

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C’est ça qu’il s’agirait d’obtenir : une reconfiguration par quoi on ne peut pas

dire que la jouissance prend sens, pas nécessairement, mais un

re-engineering

qui

permet de passer de l’inconfort à la satisfaction : la satisfaction du parlêtre en

question. »

La fonction de la parole est liée à la substance de la jouissance

Leçon du 6 mai 2009

« Il a ajouté une seconde supposition à la

supposition de savoir, cette seconde supposition, indissociable de la supposition

du savoir, est celle de la substance jouissante, du corps supposé jouir. S’il n’y

avait pas un corps supposé jouir, il n’y aurait pas de psychanalyse. Il ne suffit

pas du sujet supposé savoir. Sa nouvelle alliance s’est signée sous les espèces de

la fonction de la parole en tant qu’elle renvoie à la structure de langage, et le

Lacan des familles, des classes, s’en tient là, alors que la fonction de la parole

n’appelle pas seulement la référence à la structure du langage, mais à la substance

de la jouissance. S’il n’y avait pas la substance de la jouissance, nous serions

tous logiciens, un mot en vaudrait un autre, il n’y aurait rien qui ressemble

au mot juste, au mot qui éclaire, au mot qui blesse, il n’y aurait que des mots

qui démontrent. Or les mots font bien autre chose que démontrer, les mots

percent, les mots émeuvent, les mots bouleversent, les mots s’inscrivent et sont

inoubliables : c’est parce que la fonction de la parole n’est pas seulement liée à la

structure du langage, mais bien à la substance de la jouissance. »

Le corps, l’entité du corps, est ce qu’il faut supposer pour que la jouissance

ait un support

Leçon du 6 mai 2009

« Le mot corps n’est pas une partie de

l’étendue. Sa définition radicale, si nous la prenons chez Lacan, est la suivante :

Un corps est ce qui se jouit

. Le corps, l’entité du corps, est ce qu’il faut supposer

pour que la jouissance ait un support. C’est ce qui fait objection au concept du

sujet du signifiant. C’est ce qui conduira Lacan à conceptualiser le patient, dans

l’expérience analytique, comme un

parlêtre

– c’est ce qui l’oblige à remettre de

l’être dans le coup. L’analyste n’y échappe pas : ça n’est pas sous le prétexte qu’il

fait des interprétations qu’il va se prendre pour un sujet du signifiant. Il demeure

quelque chose qui s’appelle sa présence ; ça ne peut pas être simplement une

note en bas de page : en plus, il est présent ; c’est que, lui aussi, apporte son

corps. »

La marque identifie un corps comme objet de jouissance

Leçon du 6 mai 2009

« Lacan dit que

le corps ne se jouit qu’à

condition de le corporiser de façon signifiante

– il dit ça comme ça précisément

dans son Séminaire Encore, je prends ça comme repère, mais là il est sur le

chemin qui le conduit à son dernier enseignement, il n’y est pas encore tout à

fait. Alors, qu’est-ce que c’est que cette référence-là, la corporisation signifiante

? Si j’essaye de la représenter, je trouve ça, sur la piste de quoi nous met Freud

dans « Un enfant est battu », la flagellation. Là, dans la scène de la flagellation,

nous avons le rapport le plus direct, le plus immédiat entre le signifiant et le

corps, nous avons comme la matrice de l’incidence de l’Autre sur le corps : il

le marque – il le marque comme chair à jouir. C’est ce que Lacan appelle

la

gloire de la marque

, et, s’il la place

à la racine du fantasme

, c’est qu’il se réfère

bien entendu au texte

princeps

de Freud. La marque, là, est aussi un signifiant

paradoxal : elle ne rentre pas dans un système qui serait la structure de langage

; elle vaut comme un insigne, solitaire, absolu, qui identifie un corps comme

objet de jouissance. »

Il y a pour le parlêtre de l’impossible à négativer, un positif absolu, la

jouissance

Leçon du 6 juin 2009

« Mais, cette nouvelle alliance, marquée par

la parole et le langage, j’ai ajouté qu’elle portait sur la jouissance en tant que

impossible à négativer. J’ai rappelé le symbole que Lacan lui avait assigné, une

fois,

p. 823

des

Écrits, un

grand Phi

écrit en grec.

Cette écriture, qu’il qualifiait exactement de

phallus symbolique impossible à

négativer

– virgule –

signifiant de la jouissance

, je l’ai distinguée parce que j’y ai

vu l’annonce de ce qui devait être le tourment de son dernier enseignement. A

savoir qu’il y a, pour le sujet, et plus exactement pour le parlêtre, de l’impossible

à négativer, un positif absolu, que nous désignons comme la jouissance. Pas

la libido freudienne, qui lui ressemble : la libido freudienne se déplace ; la

jouissance

est là

, et elle demeure. »

La pulsion : une forme de demande dont les éléments sont les signifiants du

corps.

Leçon du 13 mai 2009

« La distinction de la demande et du désir

– celle qui a tellement frappé à l’époque par sa clarté et sa faculté de mettre

en ordre les phénomènes de l’expérience analytique – cette distinction n’a

pas simplement pour but de dégager la fonction du désir, mais de dégager la

fonction de la pulsion : de la pulsion comme

une forme supérieure de demande

,

une forme de demande dont les éléments ne sont pas les signifiants de la langue,

mais, si je puis dire, les signifiants du corps. »

La jouissance, c’est la fêlure de la cloche

Leçon du 13 mai 2009

« Parce que là où il n’y a pas de signifiant, on

ne peut pas être assuré qu’il y a jouissance, alors il faut supposer que le signifiant

Jacques-Alain Miller