

LE CORPS PARLANT
Xe Congrès de l’ AMP,
Rio de Janeiro 2016
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chez Lacan que le corps comme essentiellement impliqué dans la formation du
moi. Qu’est-ce qui était impliqué dans la constitution du sujet ? Le signifiant.
Et apparaît là ce qui était évidemment annoncé précédemment dans le rapport
à l’objet partiel et du désir : le corps, et plus précisément l’objet séparé du corps,
impliqué dans la constitution du sujet. Le corps fait son entrée en scène sous
les espèces de l’objet petit
a
, dans la constitution du sujet de l’inconscient lui-
même. »
p. 86
L’organisme est montré comme empiétant sur le corps de l’Autre
« J’ai dit : c’est un corps dont on ignore la limite. C’est même un enjeu
constant de cette quatrième partie. Où est la limite du corps érogène ? Jusqu’où
va le corps comme organisme ? Dans ce qu’en fait valoir Lacan, l’organisme
comprend tout ce qui permet au corps d’être vivant, c’est-à-dire inclut ce qui
le sustente, le nourrit et donc, l’organisme est montré comme empiétant sur
le corps de l’Autre. Ce qui est impliqué d’une phrase rapide dans « Position de
l’inconscient » : « L’organisme dont les limites vont au-delà du corps. ». C’est ce
qui est là montré. Et c’est pourquoi dans « Le stade du miroir » et ses variations,
nous avons toujours une structure de face à face, le corps propre et son image
comme image de l’autre. Mais s’agissant de cet organisme érogène, la structure
du face à face est remplacée, cède la place à la structure de l’empiétement, de
l’ectopie. C’est à cette occasion que l’on voit surgir pour la première fois, au
niveau de cette physiologie, les cercles d’Euler qui se croisent, et où il s’agit
en effet de savoir où commence et où finit ce qui est du sujet et ce qui est de
l’Autre. »
p. 86-87
« Pièces détachées » (2004-2005), L’orientation lacanienne III, 7
(leçons des 17 et 24 novembre , 1er, 8 et 15 décembre 2004), La
Cause freudienne N°60 et N°61, 2005
Le statut primitif du corps est d’être en pièces détachées
Leçon du 17 novembre 2004
« Du point de vue psychanalytique
(…), le corps est comparable à un amas de pièces détachées. On ne s’en aperçoit
pas tant qu’on reste captif de sa forme, tant que la prégnance de la forme impose
l’idée de son unité. (…) le statut primitif du corps est d’être en pièces détachées,
contrairement à l’évidence du visible. »
p. 158
L’unité du corps est un mirage dont il faut se déprendre
Leçon du 17 novembre 2004
« Dans le Séminaire
Encore
, on
voit revenir à plusieurs reprises cette interrogation sur l’unité du corps, son
indivision, mirage dont il faut se déprendre (…) »
p. 158
Dans la schizophrénie, il y a échec de l’unification imaginaire du corps
Leçon du 17 novembre 2004
« Les organes sont autant de pièces
détachées et comme on voit, dans la schizophrénie, le sujet a à leur trouver une
fonction. On y voit se déployer le fait du morcellement quand l’opération de
l’unification imaginaire n’a pas marché. »
p. 158-159
Le fondamental du nœud borroméen est la consistance du corps
Leçon du 24 novembre 2004
« Dans le Séminaire du
Sinthome
vous trouverez, y compris l’image, la représentation du nœud, tout ce qu’il faut
pour montrer que cela suffit comme tel, qu’il suffit de trois, disposés de façon
borroméenne, pour que ça tienne ensemble, et cela suffit pour faire le support
du sujet. (…) Dans cette perspective qui est celle de la consistance et non pas
du système, le fondamental n’est pas l’ordre symbolique – Lacan prend lui-
même à revers toute sa construction –, mais la consistance du corps. D’où, la
valeur nouvelle que prend cette référence au corps. Ce n’est pas simplement une
conversion au concret que de donner cette valeur-là. »
p. 168-169
Adoration du corps
Leçon du 24 novembre 2004
« Le corps, c’est ce que le droit
décerne au sujet comme sa propriété.
Habeas corpus
– « ton corps est à toi ». Elle
le décerne au sujet de droit qui, du coup, se prend pour une âme. Il se prend
pour une âme quand il s’excepte du monde et qu’il éprouve qu’il l’endure,
c’est-à-dire qu’il en souffre. Du coup, on peut apercevoir en court-circuit, sur
les traces de Lacan, que ce que révèle d’abord une analyse, c’est l’adoration que
celui qui parle a pour son corps, dans la mesure où il y trouve sa consistance,
consistance imaginaire. »
p. 169
La question de l’amour comme choix d’un autre corps
Leçon du 24 novembre 2004
« Cette consistance pourtant est
insuffisante, dans la mesure où il y a l’amour ou que se pose la question de
l’amour, c’est-à-dire de faire le choix d’un autre corps. (…) Pourquoi l’amour ?
(…) On peut le rapporter d’abord à ce qu’a d’insuffisant la consistance du corps
propre, mais l’amour est aussi une façon, dans la perspective du sinthome, de
faire sens d’une jouissance qui est toujours parasitaire. »
p. 169
La jouissance du corps de l’Autre ne suffit pas pour nouer le nœud
Leçon du 24 novembre 2004
« Qu’est-ce que ce parasite de la
jouissance ? La jouissance n’est pas dans le corps comme consistance, quand la
consistance est articulée à sa forme, elle n’est pas dans le symbolique comme
trou – ce parasite vient en plus entre le corps et le symbolique –, et, si l’on veut,
Jacques-Alain Miller